Les devinettes (Sonia Kostas)

29/09/2002

Periwinkle

Devinettes



Organiser des devinettes est spontané entre les enfants.
“La mĂšre de Toto a trois fils : Pim, Pam et 
” Le niais rĂ©pond
“Poum”, sans rĂ©flĂ©chir. Il en est pour ses frais du rire des autres. Mais Ă  prĂ©sent initiĂ©, il pourra,
Ă  son tour, piĂšger ceux qui ne savent pas. Laissez-les-faire ! Et mĂȘme, acceptez de bon coeur de participer au jeu. Vous connaissez leur devinettes ? Vous n’ĂȘtes pas toujours obligĂ© de le leur dire. Il est vrai que leur rĂ©pertoire ne varie pas beaucoup : celui d’aujourd’hui ressemble beaucoup Ă  celui des enfants d’il y a 30 ans, voire 40 ou 50 ans. Faites ce premier pas de jouer le jeu de leurs devinettes, vous serez alors acceptĂ© comme l’un des leurs, et vous pourrez, Ă  votre tour, leur poser des devinettes
 et agrandir leur rĂ©pertoire !




On a besoin de rien pour jouer aux devinettes, on peut jouer n’importe oĂč, au centre ou en balade, Ă  table, au lit ; et n’importe quand : quand il pleut ou qu’il fait beau temps, le matin ou le soir, et mĂȘme – les enfants le savent bien – Ă  voix basse et dans le noir !

Il existe plusieurs recueils de devinettes que vous pourrez garder jalousement et oĂč vous en puiserez de nouvelles.



SpontanĂ© dĂšs la grande Ă©cole, le jeu peut commencer dĂšs 4-5 ans. Les devinettes doivent alors laisser l’enfant
dans son univers, concerner par exemple des objets de la vie quotidienne :

“On luit met le bout de la queue dans le mur, on l’emmùne se promener partout dans la maison : il mange tout ce qu’il trouve ; le reste du temps, il dort sans faire de bruit. Qu’est ce que c’est !”



Initier doucement


A table

“J’ai quatre dents mais je ne mords pas.

Quand par hasard, j’attrape quelque chose,

Un goinfre me l’enlùve aussitît.”


 Et ainsi dans toutes les circonstances de la vie quotidienne.
Feuilletez avec eux le livre de Gripari: les illustrations de Puig Rosado, sans donner les rĂ©ponses, les suggĂšrent avec humour. “Mon premier livre de devinettes” est Ă©galement Ă  leur portĂ©e. Il est plein d’humour et allie agrĂ©ablement
devinettes en tous genre, charades, rébus, poésies


“Le coq à Nicolas

Ne chante pas

Le coq Ă  Nicolas

Ne mange pas

Rien que la paille

Le coq Ă  Nicolas

Il vient des USA

Le coq Ă  qui donc ?

Allons ! Allons ! L’écho rĂ©pond : ?”

Ouvrir la porte d’un monde d’images


Dans tous les cas, laissez aux enfants le temps d’entrer dans ce monde trĂšs particulier de la mĂ©taphore, dans le mĂ©canisme de la devinette. Observez leur capacitĂ© Ă  trouver les rĂ©ponses, mais surtout, Ă  mordre au jeu : certains resteront
longtemps sans pouvoir répondre, mais seront toujours présents au jeu des devinettes.

Par la devinette, vous leur ouvrez la porte d’un monde d’images, d’un monde poĂ©tique, et d’un monde humoristique.

“Je dors le jour

Vole la nuit

Sans plumes pour

Mon vol qui fuit


Mais je souris.”



J’ai souvent le pied sur la table

dans mon cas, c’est inĂ©vitable.”



Quand se chevauchent les sorciĂšres,

Il ne mord jamais la poussiùre.”



C’est une vĂ©ritable activitĂ© – cĂ©rĂ©brale et relationnelle – mais mĂ©fions-nous de ne pas l’enfermer dans
un carcan horaire et obligatoire : on ne devine pas de 9h Ă  11h00 !



La devinette s’associe facilement au conte. Ils sont de mĂȘme nature. Ils “se parlent” l’un et l’autre, et pour qu’ils vivent, il faut ĂȘtre au moins deux. Si vous racontez des histoires, le moment des devinettes peut s’inclure dans votre “racontĂ©e”.
C’est une petite pause, une respiration. Ca vous permet de reprendre votre souffle, la parole est redistribuĂ©e. Vous avez parlĂ© pendant 10, 15, 20 minutes ? En lançant votre premiĂšre devinette, vous leur donnez la parole. Les rĂ©ponses fusent.
Attention ! Vous serez surpris de leurs rĂ©ponses. Elles seront parfois meilleures que celles que vous aviez, toutes prĂȘtes ; ainsi, Ă  la devinette : “Qu’est ce qui est aussi rapide que la lumiĂšre ?”. Quelle est la meilleure rĂ©ponse : la pensĂ©e, ou l’ombre ?

C’est un jeu d’écoute rĂ©ciproque et de tolĂ©rance. Certainement, il y aura un moment oĂč la machine s’inversera,
et oĂč ce sera l’un d’eux qui voudra poser la devinette. Il faut rester maĂźtre de ce moment. Leur rĂ©pertoire n’est pas inĂ©puisable, et il est important de ne pas se rĂ©pĂ©ter, car la devinette, contrairement au conte, est Ă  usage unique (pour un mĂȘme auditoire).

Cette rĂ©crĂ©ation ne doit pas non plus durer trop longtemps. Il vaut mieux, en cette matiĂšre, rester sur sa faim qu’ĂȘtre Ă©coeurĂ© d’avoir trop mangĂ©.

Des contes à énigmes


On peut, en choisissant bien ses devinettes, ramener l’attention vers le conte qui va suivre
 et l’on reprend sa racontĂ©e.

Et si vous leur faisiez, un jour, la surprise de leur offrir un conte Ă  Ă©nigmes : ils sont nombreux ces contes qui incluent des devinettes, des Ă©nigmes. Souvent, la vie du hĂ©ros dĂ©pend de la rĂ©ponse qu’il donnera Ă  l’énigme
que lui pose le monstre. Ou alors, c’est Ă  lui de poser une Ă©nigme si difficile que l’ennemi ne pourra y rĂ©pondre.
Parfois encore, c’est pour conquĂ©rir la main de sa belle, ou gagner un trĂ©sor que le hĂ©ros propose les Ă©nigmes
ou cherche les rĂ©ponses : “Une grenouille est assise sur un rocher, ne peut pas sauter. Qu’est -ce que c’est ?”

ou :

“Des hommes blancs tranchent, l’homme rouge transporte. C’est quoi ?”

ou encore :

“Il rampe, au soleil levant, comme les serpents et les vers. Il marche, à midi, sur deux jambes, comme les oiseaux. Il s’en va, sur trois jambes, au soleil couchant.”

Les enfants cherchent les rĂ©ponses. Ils ne les trouveront pas toujours, elles sont parfois introuvables, bien sĂ»r, puisque mĂȘme la Grand’BĂȘte Ă  tĂȘte d’homme en est incapable ! Mais quelle fascination ! Le magique devient surrĂ©aliste
! Les limites de l’imaginaire sont repoussĂ©es


Ainsi, les Ă©nigmes du jeune homme Ă  la Grand’BĂȘte :

“Qu’y-a-t-il
au premier bout du monde ?”

“Au premier bout du monde, il y a un roi couronnĂ©, un roi vĂȘtu de rouge et galonnĂ© d’or, qui se tient prĂȘt Ă 
combattre, et brandit une grande épée. Il regarde le ciel, la terre et la mer. Mais le roi couronné ne voit rien
venir.”

“Grand’BĂȘte Ă  tĂȘte d’homme qu’y a-t-il Ă  l’autre bout du monde ?”

“A l’autre bout du monde, il y a un grand corbeau, vieux de sept mille ans, juchĂ© sur la cime d’une montagne. Il sait et voit tout ce qui se fait, et tout ce qui se fera. Mais le grand corbeau, vieux de sept mille ans, ne veut pas parler.”

Parfois, l’énigme donne, sous une forme poĂ©tique, une rĂ©ponse rassurante Ă  une question qui n’a pas de rĂ©ponse
: “Combien y a-t-il de secondes dans l’éternitĂ© ?”

“En Basse-PomĂ©ranie se trouve le mont Diamant, il a une lieue de hauteur, une lieue de largeur et une lieue d’épaisseur ; tous les cent ans, vient un petit oiseau y aiguiser son bec. Lorsqu’il aura complĂštement usĂ© et fait disparaĂźtre le mont Diamant en aiguisant son bec, alors la premiĂšre seconde de l’éternitĂ© sera Ă©coulĂ©e aussi.”



Parfois encore, la rĂ©ponse de l’énigme est connue des enfants, car c’est l’histoire mĂȘme du hĂ©ros que vous
venez de leur raconter qui est l’énigme qu’il posera :

“Un qui n’abat personne et pourtant en terrasse douze, qu’est ce que c’est ?”



Des devinettes contes


Et puis il y a des devinettes qui sont des contes, ou des contes qui sont des devinettes, comme le Conte-Devinette de Grimm. Ce qui montre qu’avec des devinettes, on peut faire des histoires




Alors inventez ! et cherchez dans les livres, cherchez dans les contes : il y a bien d’autres devinettes qui y sont dissimulĂ©es !