Modernisation du BAFA
Câest au cours dâune journĂ©e dâĂ©tude sur "lâĂ©volution des mĂ©tiers de lâanimation, les compĂ©tences et les formations requises", que Jeannette Bougrab a prĂ©cisĂ© le sens de la rĂ©forme du BAFA quâelle a lancĂ© rĂ©cemment. Selon la SecrĂ©taire dâEtat, la fonction dâanimateur est aujourdâhui à « un tournant »1.
Lors de cette journĂ©e organisĂ©e par lâINFA Ă Nogent-sur-Marne, Jeannette Bougrab a estimĂ© que « tout brevetĂ© BAFA devra ĂȘtre capable, dâune part, de prĂ©venir toute forme de discrimination dans lâexercice de ses fonctions dâanimateur et, dâautre part, de sensibiliser particuliĂšrement les mineurs contre les risques liĂ©s aux conduites addictives ou aux pratiques sexuelles »2.
Pour cette ancienne prĂ©sidente de la HALDE (Haute AutoritĂ© de Lutte contre les Discriminations et pour lâEgalitĂ©, créée en dĂ©cembre 2004), la fonction de lâanimateur serait donc de sensibiliser les jeunes Ă trois dangers :
- la discrimination ;
- les conduites addictives ;
- les pratiques sexuelles Ă risque.
Plusieurs questions peuvent se poser quant Ă cette rĂ©forme. La premiĂšre est la question de la formation. Toutes les personnes ayant leur BAFA ainsi que les formateurs savent que le cursus actuel (1 stage de formation gĂ©nĂ©rale de 8 jours, 1 stage pratique de 14 jours et 1 stage dâapprofondissement/qualification de 6/8 jours) est tout juste suffisant pour aborder les notions nĂ©cessaires Ă lâencadrement de mineurs. Lâajout dâun "module discriminations et conduites addictives" sâajouterait-il Ă ce cursus sans augmentation du temps de formation (ce qui impliquerait de fait un coĂ»t plus Ă©levĂ©) ? Le sujet serait-il traitĂ© plutĂŽt dans le cadre du stage dâapprofondissement ?
La seconde question concerne le contenu de ce temps de formation. Par qui sera-t-il animĂ© ? Les associations spĂ©cialisĂ©es seront-elles mises Ă contribution ? Interviendront-elles elles-mĂȘme dans les formations ?
Enfin, la question du sens est Ă©galement prĂ©sente. Ce travail de sensibilisation doit-il incomber Ă lâanimateur occasionnel, celui qui exerce dans le cadre dâAccueils Collectifs pour Mineurs ? Il est vrai que la nouvelle appellation ACMCE (Accueils Collectifs pour Mineurs Ă CaractĂšre Educatif) exprime une volontĂ© politique de faire entrer un peu plus lâĂ©ducation dans ce temps de loisirs3. Il faudra attendre la premiĂšre version du dĂ©cret pour connaĂźtre un peu plus les modalitĂ©s de cette rĂ©forme. Peut-ĂȘtre intĂ©grera-t-il une septiĂšme fonction Ă lâanimateur BAFA ?
Charger un peu plus lâanimateur de fonctions Ă©ducatives nâest pas anodin. Les questions visĂ©es par cette rĂ©forme sont importantes. Qui prendrait Ă la lĂ©gĂšre les dangers objectifs des comportements Ă risques qui sâĂ©talent chaque jours un peu plus dans nos mĂ©dias ? Mais qui, au ministĂšre, est chargĂ© de calculer le temps quâil restera aux enfants pour jouer, rĂȘver, se reposer, vivre ensemble sereinement ?
Dernier point : cette volontĂ© dâintĂ©grer la sensibilisation Ă ces sujets au cursus BAFA Ă©mane-t-elle dâune rĂ©flexion en partenariat avec les reprĂ©sentants des associations dâĂ©ducation populaire ou est-ce une initiative du SecrĂ©tariat dâEtat ?
1 â source : article Le Figaro, "Les colonies de vacances menacĂ©es"
2 â source : jeunes.gouv.fr
3 â lire Ă ce propos, Le Centre de Vacances et de Loisirs prisonnier de la forme scolaire â Jean Houssaye, 1998.
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