Modernisation du BAFA

29/09/2011

ludou

Réglementation

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C’est au cours d’une journĂ©e d’étude sur "l’évolution des mĂ©tiers de l’animation, les compĂ©tences et les formations requises", que Jeannette Bougrab a prĂ©cisĂ© le sens de la rĂ©forme du BAFA qu’elle a lancĂ© rĂ©cemment. Selon la SecrĂ©taire d’Etat, la fonction d’animateur est aujourd’hui Ă  « un tournant Â»1.

Lors de cette journĂ©e organisĂ©e par l’INFA Ă  Nogent-sur-Marne, Jeannette Bougrab a estimĂ© que Â« tout brevetĂ© BAFA devra ĂȘtre capable, d’une part, de prĂ©venir toute forme de discrimination dans l’exercice de ses fonctions d’animateur et, d’autre part, de sensibiliser particuliĂšrement les mineurs contre les risques liĂ©s aux conduites addictives ou aux pratiques sexuelles Â»2.

Pour cette ancienne prĂ©sidente de la HALDE (Haute AutoritĂ© de Lutte contre les Discriminations et pour l’EgalitĂ©, créée en dĂ©cembre 2004), la fonction de l’animateur serait donc de sensibiliser les jeunes Ă  trois dangers :

  • la discrimination ;
  • les conduites addictives ;
  • les pratiques sexuelles Ă  risque.


Plusieurs questions peuvent se poser quant Ă  cette rĂ©forme. La premiĂšre est la question de la formation. Toutes les personnes ayant leur BAFA ainsi que les formateurs savent que le cursus actuel (1 stage de formation gĂ©nĂ©rale de 8 jours, 1 stage pratique de 14 jours et 1 stage d’approfondissement/qualification de 6/8 jours) est tout juste suffisant pour aborder les notions nĂ©cessaires Ă  l’encadrement de mineurs. L’ajout d’un "module discriminations et conduites addictives" s’ajouterait-il Ă  ce cursus sans augmentation du temps de formation (ce qui impliquerait de fait un coĂ»t plus Ă©levĂ©) ? Le sujet serait-il traitĂ© plutĂŽt dans le cadre du stage d’approfondissement ?

La seconde question concerne le contenu de ce temps de formation. Par qui sera-t-il animĂ© ? Les associations spĂ©cialisĂ©es seront-elles mises Ă  contribution ? Interviendront-elles elles-mĂȘme dans les formations ? 

Enfin, la question du sens est Ă©galement prĂ©sente. Ce travail de sensibilisation doit-il incomber Ă  l’animateur occasionnel, celui qui exerce dans le cadre d’Accueils Collectifs pour Mineurs ? Il est vrai que la nouvelle appellation ACMCE (Accueils Collectifs pour Mineurs Ă  CaractĂšre Educatif) exprime une volontĂ© politique de faire entrer un peu plus l’éducation dans ce temps de loisirs3. Il faudra attendre la premiĂšre version du dĂ©cret pour connaĂźtre un peu plus les modalitĂ©s de cette rĂ©forme. Peut-ĂȘtre intĂ©grera-t-il une septiĂšme fonction Ă  l’animateur BAFA ?

Charger un peu plus l’animateur de fonctions Ă©ducatives n’est pas anodin. Les questions visĂ©es par cette rĂ©forme sont importantes. Qui prendrait Ă  la lĂ©gĂšre les dangers objectifs des comportements Ă  risques qui s’étalent chaque jours un peu plus dans nos mĂ©dias ? Mais qui, au ministĂšre, est chargĂ© de calculer le temps qu’il restera aux enfants pour jouer, rĂȘver, se reposer, vivre ensemble sereinement ?

Dernier point : cette volontĂ© d’intĂ©grer la sensibilisation Ă  ces sujets au cursus BAFA Ă©mane-t-elle d’une rĂ©flexion en partenariat avec les reprĂ©sentants des associations d’éducation populaire ou est-ce une initiative du SecrĂ©tariat d’Etat ?

  

1 – source : article Le Figaro, "Les colonies de vacances menacĂ©es"

2 – source : jeunes.gouv.fr

3 – lire Ă  ce propos, Le Centre de Vacances et de Loisirs prisonnier de la forme scolaire â€“ Jean Houssaye, 1998.

 

 

 

 

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